La disponibilité des ressources est un réel problème du système bancaire participatif. Les opérateurs sont dans l’attente de la mise en place de plusieurs produits. Le premier qui a vu le jour récemment est le dépôt d’investissement. Il s’agit d’un compte bancaire rémunéré, soit l’équivalent des DAT auprès du système bancaire conventionnel, mais dont le fonctionnement est complètement différent. «Les banques participatives sont venues donner une réponse aux personnes qui disposent du cash à placer ou encore qui ne sont pas satisfaites des services des banques classiques», souligne Youssef Baghdadi, président de directoire de Bank Assafa.

Alors que les dépôts rémunérés dans le système bancaire classique présentent l’avantage de garantir un rendement et d’être disponibles et retirés à n’importe quel moment, les comptes d’investissement, eux, sont des produits de long terme, qui imposent un ticket d’entrée et sont adossés à des actifs. Au terme du contrat qui devra lier le client à sa banque, cette dernière propose un rendement «espéré» et non garanti. «Sur la base de nos prévisions, nous devrons envisager la réalisation d’un rendement donné et d’en faire bénéficier les clients», explique le directeur d’une banque participative. Cette rémunération est calculée sur la base du gain commercial réalisé par la banque au terme d’une opération, déduction faite des charges et de deux types de provisions : le premier est relatif au risque d’investissement et le second concerne l’égalisation du profit d’une année à l’autre. Il s’agit donc, d’un côté, des risques que comporte une opération de placement des fonds reçus du client, et de l’autre, de l’éventualité de lissage des profits réalisés par la banque d’une année à l’autre, au cas où les prévisions ne sont pas reluisantes à court ou moyen terme. «L’objectif est d’offrir le rendement espéré, mais aussi de le maintenir chaque année, si ce n’est de l’augmenter», explique Said Amaghdir, président de l’Association des professionnels de la finance participative (AMFP).

Principaux indicateurs de l’activité des banques
participatives à fin février 2019

Un indice conforme à la Charia est en cours d’élaboration

Il faut savoir que le cash collecté servira à financer les opérations de Mourabaha (immobilier, auto et équipement), vu le manque de produits de placement. En effet, il n’existe pas encore sur le marché d’OPCI ni de sukuks corporate. L’investissement en actions n’est certes pas contraire aux principes des banques participatives, mais encore faut-il distinguer les actions «Charia compliance» des autres. «Un indice conforme à la Charia est en cours d’élaboration par un comité scientifique au sein de la Bourse de Casablanca. Il est attendu dans deux mois environ et sera présenté ensuite au Conseil supérieur des oulémas pour validation», confie M.Amaghdir.

C’est donc un investissement à long terme dans lequel le client s’engage. En cas de retrait anticipé avant l’arrivée de l’échéance, le client devra récupérer son capital et aura droit à sa quote-part dans les provisions. «Le client ne paie aucunement de pénalités mais devra céder son droit dans la rémunération future», précise M.Baghdadi. Par ailleurs et en conformité avec la Charia, le gain est partagé entre la banque et le client et, en cas de perte, c’est le client qui la supporte. «Les banques feront de leur mieux pour ne pas s’aventurer dans des opérations de financement infructueuses. Elles ont tous les moyens pour se renseigner sur l’identité du client, sa capacité financière, la régularité de ses revenus… avant de lui accorder un financement», rassure M.Baghdadi.

En tout cas, les banques sont en train de concevoir ces produits de placement en interne. Il est encore tôt pour obtenir des informations, ne serait-ce que celles concernant le montant minimum exigible au client. Il faut dire que leur mise en place donnera certes une bouffée d’oxygène au secteur bancaire participatif en termes de liquidité, mais il ne constituera pas le moyen par excellence pour trouver une solution au manque de liquidité du secteur

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